Les participants à la treizième réunion du Forum Chine – Afrique des think tanks (Cattf), ont proposé, hier en Tanzanie, un mémorandum dit Consensus de Dar es Salaam pour renforcer la coopération mondiale pour le développement.
Par Aly Diouf, envoyé spécial à Dar es Salaam (Tanzanie)
Un Consensus entre les groupes de réflexion africains et chinois sur le renforcement de la coopération mondiale pour le développement. C’est la principale décision issue, hier, de la treizième réunion du Forum Chine – Afrique des rhink tanks (Cattf) hier, à Dar es Salaam, capitale de la Tanzanie. Une rencontre tenue dans le sillage du sommet du Forum pour la coopération Chine-Afrique (Focac) organisé à Dakar en novembre 2021 et en prélude au prochain sommet dudit forum.
Pour les participants, le monde est confronté à plusieurs défis qui nécessitent un climat de paix et de développement. Dès lors, soutiennent-ils, il est essentiel de tisser une plus grande sagesse et de parvenir à un consensus plus large dans le domaine de la connaissance et des idées, car la société humaine a besoin d’une plus grande dépendance mutuelle pour partager le bonheur et le malheur. Ils pensent que l’Afrique et la Chine devront participer activement aux systèmes de gouvernance mondiale, encourager les pays à progresser vers la modernisation et construire une communauté de destin pour l’humanité. Les participants appellent la communauté internationale à approfondir la coopération au développement basée sur les principes de respect mutuel, de solidarité, de coopération gagnant-gagnant, d’ouverture et de prospérité commune, renforçant ainsi le partage des connaissances, le consensus idéologique ainsi que la coprospérité culturelle.
Dans le document fait en cinq langues (swahili, anglais, français, arabe et mandarin), les participants ont, sous le regard de Liu Honqgwu, directeur de l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang de Chine, décliné les huit points du mémorandum dit Consensus de Dar es Salaam pour renforcer la coopération mondiale pour le développement.
Un monde multipolaire équitable
D’abord, ils appellent à donner la priorité au développement et à explorer des voies indépendantes et centrées sur les personnes. Par-là, ils promettent d’aider les pays à explorer des modèles de modernisation basés sur les caractéristiques culturelles et les besoins de développement, à renforcer le dialogue plutôt que les conflits et à échanger des expériences en matière de gouvernance.
Le second point est relatif à la construction d’un monde multipolaire équitable et ordonné pour faciliter le développement commun. Le troisième point vise à promouvoir une mondialisation économique universellement bénéfique et inclusive afin de partager les dividendes du développement. En quatrième point, les participants appellent à promouvoir activement la réforme du système financier international pour combler le déficit de développement.
Les points 5 et 6 portent respectivement sur un appel à s’aligner sur les initiatives internationales et les plans nationaux pour renforcer les obligations de développement durable de haute qualité ; et à activer le développement national grâce à des marchés efficaces et à des gouvernements proactifs.
Enfin, les points 7 et 8 invitent à prendre en compte les menaces de sécurité traditionnelles et non traditionnelles pour créer un environnement de développement sécurisé et encourager l’adoption de mesures plus pratiques et efficaces pour promouvoir le partage des connaissances.
…Une bonne coopération mais à renforcer, selon des experts
Quatre plénières sont tenues, hier, à la treizième réunion du Forum Chine-Afrique des Think tanks (Cattf), réunie à Dar es Salaam en République unie de Tanzanie. Une occasion pour les participants de dirent ce qu’ils pensent de la coopération sino-africaine.
« Propositions sino-africaines : naviguer dans un monde en mutation » ; « La Chine et l’Afrique : établir conjointement un modèle de coopération moderne pour le développement » ; « Faire progresser l’amitié et la coopération : renforcer les liens sino-africains » et « Travailler ensemble : faire progresser « une initiative et deux plans » sont les thèmes des quatre plénières tenues hier dans le cadre de la treizième réunion du Forum Chine-Afrique des Think tanks (Cattf). Des rencontres modérées par de hauts responsables africains et chinois. Ce fut une occasion pour les participants de dire ce qu’ils pensaient de la coopération sino-africaine.
Dr Timothée Amoussou, Directeur des Études et du Développement du (Ceds) de Dakar propose le renforcement et la poursuite de la coopération entre la Chine et l’Afrique dans le domaine notamment des infrastructures et de la santé ; le transfert de technologie et la délocalisation de certaines industries chinoises sur le continent dans le but de soutenir le processus de transformation structurelle des économies africaines. Pour sa part, Pr Gabriel Zomo Yebe de l’Université Omar Bongo du Gabon, a noté que l’histoire des relations internationales des vingt dernières années montre que, s’il y a une forme de coopération qui tente de s’inscrire dans la nouvelle vision africaine, c’est bien la nouvelle coopération Chine-Afrique. Revenant sur l’initiative « la Ceinture et la Route », il estime qu’un développement mutuel est possible. Il est d’avis que les atouts du continent doivent permettre aux Africains de peser dans les futures négociations entre l’Afrique et la Chine, notamment dans les domaines de la souveraineté et de la protection de l’environnement.
Ce point de vue est partagé par Gilbert Muruli Khadiagala, Directeur du Centre des études des États-Unies à l’université de Witwatersrand d’Afrique du Sud. Il apprécie beaucoup la volonté de la Chine de coopérer avec l’Afrique. Dans ce sillage, des intervenants comme Mouhamed Omar Rachid des Comores, Gedion Gamora Jalata Directeur général du centre de consultation internationale d’excellence d’Ethiopie, Jean-Claude Azouma, doyen de la Faculté des Sciences humaines et des Lettres de l’Université de Bangui (Centrafrique) ou encore de Sayon Doumbuya, Directeur des Relations extérieures du Département scientifique et technique de l’Université Jamal Abdel Nasser de Conakry, ont tous abondé dans le même sens.
Pour eux, la coopération sino-africaine a apporté du bien au continent avec la création d’infrastructures. Toutefois, estiment-ils, il y a encore des défis à relever. Car, d’après eux, l’amélioration significative de la relation sino-africaine exige de bâtir les fondements du développement à tous les niveaux et dans tous les domaines sur la base de la coopération gagnant-gagnant. « Nous soutenons l’indépendance de l’Afrique. Nous attachons une grande importance à la construction de la volonté de destin commun », a soutenu Directeur Afrique de Xinhua, Ying Qiang.
Aly DIOUF
Source : https://lesoleil.sn/cooperation-sino-africaine-les...